La traversée du Vercors, on voudrait la faire deux fois….
Ils sont assez peu nombreux l’avouer. Et pourtant, presque tous les concurrents de la Traversée du Vercors éprouvent un regret : que cette magnifique soit une course, et qu’il faille par conséquent braquer toute sa volonté et toute son attention vers le but, à l’exception de presque tout le reste…ce qui à l’égard du paysage constitue ici une sorte de crime.
L’idéal serait de faire la traversée deux fois : la première à la course, le dimanche matin. La seconde en promenade, le lundi, de manière à profiter de l’infrastructure sensationnelle mise en place par les organisateurs : une piste de 54 kilomètres ondulant dans les zones totalement désertiques, côtoyant les abimes au-dessus du Diois, découvrant à des dizaines de kilomètres des paysages d’une blancheur infinie, s’enfonçant en forêt, plongeant, remontant, tournant et retournant d’une clairière à l’autre, utilisant tantôt les sentiers forestiers, tantôt des défilés sauvages.
Il y avait cette année une nouveauté importante qui a, à la fois décontenancé et émerveillé tous les participants. Pour éviter la descente dangereuse du canyon des Erges, on avait entre le 20ème et le 25ème kilomètre, détournée la course vers l’Ouest, dans le secteur de Tiolache-le-bas. Et c’est ici que nous avons découvert, presque tout en sous-bois, l’univers le plus étonnant. La piste pénétrait en des secteurs où l’hiver, la présence humaine était jusqu’alors presque inexistante. Mais ce fut aussi l’un des secteurs les plus accidentés de l’épreuve, les contre-pentes qu’il fallait négocier en ciseaux, succédant aux plongées rapides entre les pins arolles. La sollicitation des muscles et des ambitions étaient totales. C’est là qu’il ferait bon retourner tranquillement !
Car la tranquillité n’est certainement pas le bienfait majeur de ce dimanche fascinant. Qu’il suffise de jeter un coup d’œil sur l’horaire type d’un participant grenoblois la traversée du Vercors.
- Trois heures trente du matin : lever.
- Quatre heures : départ de Grenoble en voiture.
- Quatre heures quarante-cinq : arrivée à Corrençon, formalités de parking, sous la direction des gendarmes.
- Cinq heures : embarquement des skis et des concurrents à bord d’une trentaine de cars.
- Cinq heures quinze : départ pour le Col de Rousset.
- Six heures trente : arrivée au Col.
- Jusqu’à sept heures trente : dans la brouillard glacé (-10°), opération de fartage, de préparations de sacs banane, retrouvailles entre 2000 copains, plus ou moins transis.
- Sept heures trente : départ à pied sur la neige pour les Hauts-Plateaux.
- Huit heures : arrivée sur la ligne de départ, où l’on patientera vêtu de son seul survêtement de compétition, jusqu’à huit heures trente.
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